Salut Manu,
J'ai bien lu ton message sur cyber.
Cependant, malgré la réminiscence fort sympathique de Bernard Limont, j'ai hésité à répondre.
- Cela afin de ne pas décourager les bonnes volontés des jeunes collègues bridés par des règlements qui sont autant de défis au sens commun ( ce que souligne Pasquinel en est un exemple de plus)
- Pour ne pas m'énerver une fois de plus contre l'Administration de l' éducation nationale, celle éloignée, celle qui pond règlements généraux et matière à BO ( j'écris sciemment "Administration" avec un grand "A" et "éducation nationale" en toutes petites minuscules) planquée derrière un gigantesque parapluie de mesures qui paralysent toutes les initiatives réelles des enseignants sur le terrain, paniquée dès qu' un parent d'élève tousse au fond du plus petit hameau de France.
Au fait :
J'ai bien pratiqué une activité boiseuse avec des élèves de 5ème ( voir les détails sur les sites indiqués plus bas). Mais...
1. Dans le cadre d'une classe de mer ( qui en sera à sa 29ème édition ininterrompue) d'une durée de 15 jours sur... UNE ILE ! C'est à dire à 1000 km de mon collège d'attache ! Le règlement et ses aberrations y prennent tout à coup des contours beaucoup plus flous (ce sont sans doute les embruns qui les éloignent ou le bras de mer qui fait barrage)
2. Cette classe transplantée se déroule toujours en fin d'année. C'est à dire que j'ai eu le temps de connaître mes mômes, les dignes de confiance et les agités du bocal, ceux qu'il faut surveiller comme la météo des tempêtes.
3. L'activité se déroulait sur plusieurs heures et non dans le cadre d'un emploi du temps saucissonné par les sonneries qui les font passer sans transition d'un cours de maths à une leçon de musique figés dans un cadre horaire rigide. Là, on " travaillait " jusqu'aux heures des repas (qu'on repoussait parfois d'une heure, la cuisine étant assurée par des parents- amis " à notre entière disposition " )
4. Pédagogogiquement, il s'agissait d'une équipe de 5 à 6 profs plutôt rôdée ( le noyau des mêmes depuis 20 ans au moins) Des vieux grognards pestant à longueur de récré contre la frilosité de la yéyéarchie. En classe de mer, la tendance générale des directives aux élèves était donc plutôt "musclée". Ainsi dans mon atelier, il y avait bien des machines "à risque" ( râpes rotatives sur flexible, scie à ruban, proxxon avec couteau, flexcut, tour etc. sans parler des pyro et autres outils inoffensifs)
J' y appliquais un principe simple : celle ou celui qui ne se sentait pas à l'aise avec un de ces outils "à risque" , n'était nullement obligé de l'utiliser. Je m'en chargeais. Il ou elle se contentait du travail sur la Hegner, du ponçage etc. Par contre, je n'hésitais pas, après démonstration bien sûr, à confier TOUTES les machines à ceux qui se sentaient et en qui j'avais... CONFIANCE. Pure affaire de feeling. J'ai conscience qu'au moindre pépin, je pouvais être dans de sales draps. Mais de lire sur le visage des gamins cette satisfaction d'avoir maîtrisé une difficulté, me payait largement en retour du risque institutionnel pris. Et je ne te dis pas à quelle point cette satisfaction est amplifiée quand le gamin est plutôt scolairement ce qu'il convient d'appeler en termes langue-de-bois ( le seul bois dont l'Administration se chauffe) "un élève en difficulté" .
Voilà, hélas, toutes les raisons qui me font croire que l'expérience est difficilement reproductible dans le cadre annuel d'un collège.
Voici 3 petits sites(avec beaucoup de photos) réalisés lors des dernières classes de mer
http://lutterbatz.free.fr/2004/groupe/p16juin.html
pour l'activité boiseuse, cliquer sur « lovespoons »
http://lutterbatz.free.fr/2006/groupe/indexg.htm
pour l'activité bois, aller dans « boîtes celtiques » puis cliquer en bas de page sur les titres en bleu :
-la prèp du prof
le travail des élèves
- les 44 chefs d'oeuvre
http://lutterbatz.free.fr/2007/groupe/indexg.htm
voir à gauche in « les p'tits boiseux »
Cordialement,
Pierre