Bonjour,
Et merci à tous ceux qui ont pris le clavier pour donner leur avis ou poser des questions.
Je vois doit des explications.
Ayant posté ce message, "Un OBNI", sur 3 forums, je fais une réponse collective à tous les intervenants et la publie sur les 3 mêmes forums.
- Merci à Beobois et à PierreDG qui m'ont proposé des noms : Objet Bois Non Identifié, XFils, Croissanfil... Sympa ! Ailleurs, Ralph Watts m'a aussi proposé "String theory", Jean-Paul Maignan : "Show les croissants"... J'aime assez !
- Sympa, Scalaire00, l'idée du fil de cuivre, à creuser... Mais il faudra composer avec car il n'a pas l'élasticité du fil nylon.
- Pierrre3R, les différentes photos représentent la même pièce, prise sous des angles différents, mais sans déplacement d'un croissant par rapport à l'autre. Quant à me comparer à Rémi Delaplace... merci, mais il est 100 coudées au dessus !
Comment les croissants tiennent-ils ensemble ? Ils sont en auto-tension (je ne suis pas sûr que ce soit le bon terme, mais je le tiens d'un architecte qui, il y a quelques années, sur une expo : "Et votre structure en auto-tension, vous la vendez combien ?". Le terme m'a amusé alors je le reprends à mon compte). Je veux dire par là qu'il y a en fait 2 réseaux de fils : ceux qui sont tendus entre les cornes des 2 croissants et qui tendent (eh oui !) à éloigner les croissant l'un de l'autre. Et ceux qui sont tendus entre les parties les plus larges des 2 croissants et qui tendent (encore !) à les rapprocher. L'équilibre des tensions fait que... ça tient ! Enfin... Oui, ouf ! C'est chouette quand une théorie se vérifie, mais il y a toujours un petit pincement au cœur au moment d'enlever l'échafaudage...
- Jean-Louis... Désolé, je n'ai pas mesuré la tension des fils ! Tout ce que je peux dire c'est que j'ai utilisé du 40/100ème vendu aux pêcheurs pour résister à 8.85 Kg ou 20 lbs. Mais j'y reviendai.
D'où me vient l'idée ? De temps à autres je fréquente le musée de Grenoble. Il y a quelques mois je suis tombé en arrêt devant une "sculpture" (honte à moi, j'en ai oublié l'auteur). Elle était constituée de 2 plaques transparentes (plexi ?), de formes irrégulières mais identiques. Ces plaques étaient posées verticalement et imbriquées l'une dans l'autre (vues de dessus elles formaient une croix). Il me semble bien, mais je devrais retourner vérifier, que les plaques étaient soudées l'une à l'autre... entre ces plaques il y avait tout un réseau de fils tissés qui m'ont rappelé les paraboloïdes hyperboliques (j'ai déjà pratiqué cela sur une pyramide qui ne vous est pas inconnue). J'ai, sans doute comme vous, cette déformation de l'esprit qui oriente mes réflexions toujours dans le même sens (et ça devient pénible !) : "Et en bois, ça donnerait quoi ? Et en bois tourné ? Et en mettant les 2 pièces en auto-tension (déjà pratiqué aussi, vous connaissez) ?" Et, de fil en... tour... vous avez vu le résultat.
- Jean-Pierre, pour les photos, la pièce était suspendue par un fil nylon accroché à la corne supérieure du petit croissant. Ensuite, pour ajouter un peu de mystère, j'ai effacé le fil de suspension (merci Photoshop) !
- Maintenant je précise un peu le mode opératoire, somme toute très simple !
J'espère ainsi répondre aux questions de Nicole, Jean-Pierre, Huber26, papy guy, et ben bien-sûr (mais ne m'en voudra-t-il pas de répondre à quelques uns des "tas de problèmes que ça lui pose et qui font son plaisir" ?).
Je vous préviens, une fois la chose démystifiée vous allez être déçus ! Tant pis pour vous. C'est un peu comme quand on vous explique un tour de prestidigitation. "Ah bon ! Ce n'était que ça ?".
Et re-tant pis pour vous, je n'ai pas fait de photos pendant la réalisation, alors je me répandrai en explications aussi fumeuses qu'alambiquées.
Le tournage est on ne peut plus simple. Je suis parti d'une chute de planche de sapin achetée en GSB pour faire une étagère.
. Chantournage en rond, fixation sur queue de cochon, mise au rond, arrondi du bord extérieur, saignée au milieu du bord extérieur (elle recevra le jonc en rotin blanc que vous voyez sur la photo).
. Retournement et même opération de l'autre côté.
. Dans le cas du grand croissant : décentrages successifs de la pièce sur la queue de cochon pour usiner les tores très aplatis sur les 2 faces.
. Décentrage final pour arrondir le bord intérieur, sur les 2 faces, et enfin désolidariser le croissant du noyau central.
. Attention, l'orientation du sens du fil... a un sens (je veux dire une raison).
. Brossage à la brosse métallique rotative montée sur le tour, dans le sens du fil : les veines tendres se creusent.
. Sciage d'encoches radiales (pour passer les fils), espacées régulièrement, à la périphérie des croissants. Il y a autant d'encoches sur chaque croissant, bien sûr. Pour assurer la régularité je les ai dessinées à l'ordinateur (Illustrator), imprimées, puis collé la bande de papier sur le croissant. J'utilise la scie à fil de marqueteur et une lame de 5/10ème.
. Brûlage au chalumeau puis brossage.
. 3 couches d'huile danoise avec brossage entre chaque.
Le tissage :
. Il faut commencer par solidariser les croissants en les immobilisant dans leur position définitive. La pièce d'immobilisation devra pouvoir être retirée facilement une fois le tissage terminé. C'est un carrelet dont la longueur est l'écartement entre les 2 croissants, sa section est égale à l'épaisseur des croissants. 2 lattes immobilisées sur 2 faces opposées par des serflex prolongent le carrelet de part et d'autre pour venir serrer les croissants. Bon prince, je vous ai quand même fait une photo (pour plus de visibilité j'ai remplacé les serflex par de très jolies ficelles !).
. On utilise 2 bobines de fil pour passer alternativement les fils de chacun des 2 réseaux décrits plus haut.
. Commencer par le réseau qui tend à rapprocher les croissants l'un de l'autre, soit 2 allers-retours ou 4 fils. Puis le réseau qui tend à éloigner les croissants : 4 fils encore. Puis... etc. En essayant de garder une tension constante.
. On termine, comme on a commencé, par un nœud.
. On enlève la pièce d'immobilisation... en retenant son souffle...
. On colle dans la saignée périphérique le jonc d'osier pour cacher les passages et changements de direction des fils.
Vous voyez bien que "ce n'était que ça". Pas si compliqué !
D'autres questions ?
En tous cas voici les miennes :
- Je trouve le fil un peu trop visible, il me semble prendre trop de place (visuelle, j'entends), être trop présent. J'ai envie de recommencer avec du fil plus fin.
- Je cherche (merci Jean-Pierre d'en avoir parlé) un socle. Je le voudrais le plus discret possible et permettant à la pièce de tourner au gré du vent. J'ai quelques idées... Et vous ?